TEST - Pinocchio



A l'époque, j'avais terminé Pinocchio sur Super Nintendo chez des petits cousins. Cette partie de la famille étant plutôt aisée financièrement, nous adorions aller chez eux: grand jardin, piscine, salle dédiée à la projection sur écran géant de VHS, la collection complète d'Akira version couleur parue chez Glénat,... Un vrai paradis. C'est d'ailleurs là-bas que j'avais pu voir pour la seule fois de ma vie un Laser Disc; mais oui vous savez ces CDs de la taille d'un vinyl qui sont les ancêtres du DVD et du Blu-Ray.

T'as quel âge mec, tu veux pas jouer à autre chose que des jeux Disney?!

Le jeu est sorti en 1996 sur Super Nintendo et Mega Drive. S'il est inscrit sur la boîte que le soft a été développé par Disney Interactive, il a heureusement été réalisé en co-développement avec Virgin Interactive. Pour ceux qui ne comprennent pas mon soulagement je vous propose de lire le test du jeu Hercules sur Playstation que j'ai écrit il y a quelques semaines. A propos du jeu en lui-même, pas grand-chose à dire: il est beau, les hit-boxs sont parfois étranges, mais passables. Contrairement au Roi Lion, le jeu est plutôt facile. Le point fort est sans aucun doute le nombre - hallucinant pour l'époque - d'animations des sprites. Un vrai régal pour les yeux.



L'originalité du soft réside donc dans la grande variété de sprites et de leurs animations, ainsi que la diversité du gameplay proposée à chaque tableau. Pinocchio se verra ainsi affublé d'oreille d'âne, devra effectuer des pas de danse, s'accrocher à des ballons et nager en s'aidant d'un banc de poissons. Vous incarnerez même Jiminy Cricket. Si après tant d'expériences variées l'impression globale reste celle d'avoir joué à un jeu de plateforme, l'impression d'une suite de mini-jeu est également présente et, est de plus renforcée par la mise au second plan de l'histoire. En effet, autre originalité du titre, c'est entre deux stages que vous sera présenté sous forme d'un livre, le récit des événements.



L'histoire paraît donc anecdotique, mais ce n'est pas si grave, puisque c'est exactement ce qu'avait fait Disney en 1940 en édulcorant totalement le roman de Carlo Collodi paru en 1881, supprimant ainsi les véritables enjeux de l'histoire. C'est pour ma part en lisant une bande-dessinée que j'ai réalisé la différence de ton entre l'oeuvre d'origine et son adaptation par le célèbre studio américain. En effet, l'adaptation en bande-dessinée de Benito Jacovitti parue dans les année 40 et traduite dans la langue de Molière par l'éditeur Les Rêveurs  en 2009, présente une histoire violente et cruelle dans laquelle Pinocchio se caractérise surtout par sa bêtise.

Ha oui! "Les Rêveurs" c'est la maison d'édition de Manu Larcenet.

Face à cette découverte je me suis donc empressé d'acquérir une traduction du roman original. Très vite la sensation d'un récit bien plus violent que la version "censurée" de Disney, m'a été confirmée: Pinocchio y est pendu et, par ses mensonges, il cause la mort de la fée. Mais le plus flagrant est la bêtise du pantin de bois, quand on lui fera croire par exemple, qu'en plantant de l'argent dans la terre il récoltera les fruits d'un arbre à argent.



C'est que dans l'ancien monde, les histoires pour enfants devaient faire peur. "Regarde, tu as vu comme il est bête Pinocchio? Alors travaille bien à l'école!" Au XVIIe siècle, Charles Perrault, puis plus tard les frères Grimm, se sont fait un plaisir de moraliser plusieurs contes populaires jusqu'à là transmis uniquement par tradition orale. Le Petit Chaperon Rouge par exemple, qui dans dans la version de Perrault transmet comme morale aux jeunes filles de l'époque de ne pas parler aux inconnus aux risques de conséquences très graves. Les versions originales, car il y en avait plusieurs, en plus d'être plus crues - le loup fait manger au chaperon le corps de la grand-mère - accordaient au chaperon l'intelligence de se sortir d'un mauvais pas par elle-même. Elle réalise par exemple la supercherie du loup, lorsque qu'elle découvre les dents de sa grand-mère dans son assiette. Puis elle élabore un piège, qui varie selon les récits, afin de tuer le loup. De toutes les manières, pas de chasseur sortit de nulle part incarnant sans doute la force bienveillante et omnipotente du paternalisme.



Surmoralisation afin de protéger la jeunesse ou exposition de nos jeunes à une violence gratuite, qu'elle est la voie à suivre? Y'a-t-il un juste milieu? En 1996, Disney Interactive rétabli l'équilibre dans le stage du voleur d'enfant qui les transforme ensuite en âne. En effet, la marraine vous décernera, une fois que vous aurez fait tomber le méchant d'une falaise, la médaille du courage, en omettant bien naïvement qu'il y a eu homicide. Mais elle est un peu cruche la fée.

Note: B comme bois.
Mention: Un pouce vert pour le track Inside Monstro's Stomach composé, comme tout la bande originale, par Allister Brimble.

Dimitri


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