Vous avez fini un jeu impossible dans des conditions incroyables et personne ne vous croit ? Faîtes appel à nous. Dans Cold Game nous vous interrogeons sur vos exploits vidéoludiques et révélons au grand jour ce que vous avez fait dans l'ombre...
1) D'après nos informations, vous avez terminé le jeu Ni no Kuni avec 100% des trophées. Confirmez-vous ces faits ?
C'est exact et je l'ai fait en cent soixante heures et deux minutes.
2) Déclinez votre prénom, âge et profession.
Dimitri du blog Lucien et Dimitri jouent aux jeux-vidéo. J'ai 33 ans.
3) Pouvez-vous décrire en quelques mots ce jeu, pour ceux qui ne l'auraient pas connu ?
Ni no Kuni est un J-RPG, un jeu de rôle à la japonaise. La différence majeure entre un RPG japonais et un RPG à l'occidentale réside dans l'organisation des combats : les J-RPG utilisent un principe de tour par tour, alors que les combats à l'occidentale sont plus proche du Hack n' Slash, comme Zelda par exemple. Même si nous vivons dans une époque où toutes valeurs et traditions sont immanquablement dissoutes dans un capharnaüm ambiant, cette distinction est encore actuellement conservée dans les grandes lignes.
Ni no Kuni n'est pas n'importe quel RPG pour deux raisons : il est designé par les Studio Ghibli (Le Voyage de Chihiro, Princesse Mononoké), et il est développé par Level 5, le studio à l'origine du superbe Dragon Quest 8.
4) Pouvez-vous nous expliquer les circonstances de cet événement ? En quelle année cela s'est-il commis ? Étiez-vous seul au moment des faits ?
J'ai obtenu le dernier trophée hier soir, le 6 juin 2015 ; j'étais seul chez moi, le jeu projeté sur le mur du salon, juste avant que l'arbitre de la finale de la ligue des champions ait omis de siffler un penalty pour la Juve.
Plus sérieusement, le J-RPG est un style qui m'a pris beaucoup de temps durant mon adolescence, peut-être même plus que les filles : plus de quatre cents heures sur Final Fantasy 7, la moitié sur Final Fantasy 8, Wild arms, Suikoden, Vandal hearts, Breath of fire,... Tant de voyages merveilleusement chronophages.
A l'instant même où j'ai découvert que le studio qui a développé le fabuleux Dragon Quest 8 allait collaborer avec le mythique studio d'animation japonais j'ai su que j'allais devoir me plonger dans cette aventure.
5) Vous souvenez-vous précisément du moment où le jeu s'est terminé ?
Oui très bien. Dans la zone où l'on fait de l'XP, la tour d'ivoire. J'étais dans ce lieu depuis soixante heures environ afin de farmer mes familiers et obtenir 250 races différentes.
Après avoir obtenu le dernier familier, j'ai eu un léger rictus de plaisir. J'ai sorti le jeu de ma console et l'ai rangé.
6) Avez-vous rencontré une difficulté particulière à un moment donné du jeu ?
Oui, mais ce n'est pas lié à la difficulté du jeux. Si ce jeux est incontestablement un bon jeu, il y a quelques points qui ne sont pas à la hauteur. Les combats par exemple, qui ne deviennent véritablement intéressants que très tard dans le jeu. L'alchimie également que je trouve moins bonne que l'alchimarmite de DQ8 qui était bien plus instinctive. Et finalement la capture de familiers qui est un peu trop aléatoire. C'est ces quelques points faibles qui m'ont parfois fait douter sur ma capacité à les supporter durant la quête de tous les trophées.
7) L'idée de renoncer à votre crime, d'abandonner vous a-t-elle traversé l'esprit ?
Le temps d'un bref instant, quand il a fallut cumuler un nombre conséquent de Kaléidonacres et Parchemins de la vérité...
8) Avez-vous confié à quelqu'un de votre entourage avoir terminé le jeu Ni no Kuni avec tous les trophées ?
Je l'ai d'abord dit à ma compagne qui n'en pouvait plus de me voir jouer à ce jeu. Ensuite je l'ai dit à Lucien du blog Lucien et Dimitri jouent aux jeux-vidéo.
9) Éprouvez-vous des regrets suite au terminage dudit jeu ?
Pas du tout. J'ai passé un moment très agréable, mais comme je l'ai dit plus haut, le jeu n'est pas dépourvu de tout défaut. J'ai donc été content de passer à un autre jeu.
10) Avez-vous reçu de l'aide extérieure, conseils d'un proche, consignes sur internet ?
J'ai pour habitude de ne pas consulter les soluces, mais j'avoue que pour ce jeu j'ai du y avoir recours. En effet, je détestes les énigmes de type mystienne, c'est à dire chercher un code en traduisant un alphabet ou ce type de chose. Il y a quelques énigmes de ce type dans le jeu, et après avoir réfléchi dix minutes sur la première, j'ai remarqué que je saignais du nez. J'ai donc décidé de consulter la solution.
11) Avez-vous un souvenir particulier d'un moment clef durant ce crime, une scène, un combat qui vous a marqué ?
Le duel contre l'émissaire et le twist scénaristique qui l'accompagne m'ont particulièrement plu.
12) Comment avez-vous connu la victime, dans quelles circonstances avez-vous commencé ce jeu ?
J'enseigne et c'est un élève qui m'a informé de la sortie du jeu.
13) Qu'est-ce qui vous a particulièrement plu dans ce jeu ?
L'histoire, les cinématique animées par les studios Ghibli et certains familiers vraiment stylés.
14) Pourquoi avez-vous souhaité y jouer jusqu'à la fin ?
Je voulais finir un bon J-RPG à 100% comme à l'époque. J’ajouterai que j’ai bien senti les dix ans d’âge que j’ai pris dans les pattes, et je n’aurais pas cru dire cela en parlant des jeux-vidéo. Car si à 17 ans jouer 48 heures à FF7 durant un week-end prolongé qui en comptait 72 ne me posait pas le moindre problème, j’ai beaucoup moins bien supporté les sessions de 12 heures indispensables si je ne voulais pas passer trois ans sur le jeux.
15) Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Je ne me suis pas renseigné plus que ça, mais il me semble que les producteurs du jeu ont été un peu trop ambitieux. En effet, le premier signe de cette démesure réside dans le fait qu'il n'y a des animations directement réalisées par les studios Ghibli qu’au début du jeu seulement. Elles sont ensuite remplacées exclusivement par des animations des personnages en 3d. J'ai ainsi l'impression que les développeurs se sont perdus en chemin. Car en plus de créer un nouveau système de combat innovant, un système d'alchimie visant à surpasser celui de DQ8, tout en intégrant un système de jeu à la Pokémon - sachant que toutes ces innovations sont liées entre elles -, ils ont voulu y intégrer des cinématique réalisées à l’ancienne comme le veut la tradition des studios Ghibli...
Je pense que si tous les ingrédients étaient réunis pour créer un grand classique du J-RPG, la sauce n'a pas pris totalement. Il manque donc un petit quelque chose à Ni no Kuni pour devenir le jeu culte qu’il aurait dû être. « Less is more » comme le disait l'architecte Mies Van der Rohe.