COLD GAME - Civilization II


Vous avez fini un jeu impossible dans des conditions incroyables et personne ne vous croit ? Faîtes appel à nous. Dans Cold Game nous vous interrogeons sur vos exploits vidéoludiques et révélons au grand jour ce que vous avez fait dans l'ombre...

1) D'après nos informations, vous avez terminé Civilization II. Confirmez-vous ces faits ?

Oui, globalement, je ne peux pas nier ma réussite totale et tout le mérite qui l’accompagne logiquement. Mais cela suscite immanquablement des jalousies, et il existe de menus détails que les esprits chagrins ne manqueront pas d’évoquer pour diminuer mes justes louanges.

2) Déclinez votre prénom, âge et profession.

Yannick, 39 ans, prof d’Histoire.

3) Pouvez-vous décrire en quelques mots ce jeu, pour ceux qui ne l'auraient pas connu ?

Vous débutez avec une poignée de colons sur un monde vierge de toute construction, sur une carte 4x à peine peuplée de tribus barbares dégénérées dont la seule ambition est d’incendier et de piller. Au tour par tour, vous développerez votre civilisation pour la faire prospérer sous vos ordres motivés par la gloire. Vos huttes deviennent des maisons de pierre, elles-mêmes se transforment en bâtisse, puis, un jour plus lointain et empreint d’embuches, en gratte-ciels. Bientôt vos troupes cessent de s’égailler au tir à l’arc, elles balancent enfin des ICBM aux effets radioactifs des plus festifs. En résumé, il faut conquérir le monde ! Et pas avec des ronds de jambes diplomatiques (même si c’est possible), mais en atomisant tout ce qui vous résiste. Et aussi ce qui ne vous résiste pas, parce qu’il faut CONQUÉRIR LE MONDE ! C’est pas un FPS à la noix là.

4) Pouvez-vous nous expliquer les circonstances de cet événement ? En quelle année cela s'est-il commis ? Étiez-vous seul au moment des faits ?

L’an de grâce 1996. Tout n’est plus clair, mais bien sûr que j’étais seul ! On ne conquiert pas le monde en entretenant une vie sociale, ce n’est pas un jeu de plateforme à la noix là ! Les circonstances : une tour PC brunie par le temps, un écran 17 pouces à qui 2 pixel manquent sur le haut, une petite pièce où le jour s’infiltre par des vitres entourées d’une peinture craquelée. Mon « bureau » était un trou, mais avant tout le témoin de ma gloire.

5) Vous souvenez-vous précisément du moment où le jeu s'est terminé ?

Oui. J’étais en train de terminer ma conquête du monde, j’incarnais Roosevelt (à moins que ce ne soit lui qui m’ait incarné, tel un ongle). Des piles d’unités s’apprêtaient à mettre un terme à l’existence de la pestilente civilisation anglaise (ou allemande je sais plus trop). C’est là que l’ennemi a usé d’une stratégie inattendue : une fenêtre s’est ouverte, elle intimait la fin de la partie. C’était inattendu. Certes, il y avait eu 2-3 annonces préalables m’indiquant qu’il ne restait plus que 50 tours ou un truc du genre, mais je pensais à un leurre de l’ennemi. C’était pourtant bien la fin officielle de ma conquête. Officieusement, j’ai pu la poursuivre et annihiler ce qui devait l’être. Mais dans le Panthéon d’Honneur, les points n’étaient plus comptabilisés à partir de cette date.

6) Avez-vous rencontré une difficulté particulière à un moment donné du jeu ?

Bien sûr que non. J’étais préparé à toute éventualité.

7) L'idée de renoncer à votre crime, d'abandonner vous a-t-elle traversé l'esprit ?

Aujourd’hui, je peux confesser que l’idée traverse l’esprit lorsque vous vous rendez compte que vous avez mal calculé les cases entre deux cités. Cela a comme conséquence un effet visuel déséquilibré, ce qui met un coup au moral bien plus sérieux que toutes les tentatives de résister des Zoulous.

8) Avez-vous confié à quelqu'un de votre entourage avoir terminé le jeu Civilization II ?

A priori non. J’imagine que quelques quotidiens ont publié des articles sur cet exploit, mais j’avais une nouvelle carte à explorer et d’autres civilisations à réduire au néant.

9) Éprouvez-vous des regrets suite au terminage dudit jeu ?

Non, car Civilization, ça ne se termine jamais vraiment. On n’est pas dans un RPG à la noix là.

10) Avez-vous reçu de l'aide extérieure, conseils d'un proche, consignes sur internet ?

Non. Je n’ai même pas écouté les conseils de mes Ministres en jeu, alors des conseils venus d’une source externe, donc potentiellement ennemie, sûrement pas.

11) Avez-vous un souvenir particulier d'un moment clef durant ce crime, une scène, un combat qui vous a marqué ?

Oui, j’ai appris dans quel chaos peuvent être plongées les sociétés humaines en période d’anarchie (moment obligatoire en jeu lorsque vous passez d’un régime politique à un autre). Alors n’en déplaise aux auteurs de ce blog qui en ont le look, je conchie les anarchistes.

12) Comment avez-vous connu la victime, dans quelles circonstances avez-vous commencé ce jeu ?

J’ai débuté Civilization I dès sa sortie. C’est pour y jouer que moi et un pote avons entrepris et réussi à connecter en réseau 2 PC pour la toute première fois. 12h de jeu en continu s’en sont suivi, avec la BO du Roi Lion à fond en arrière-plan.

13) Qu'est-ce qui vous a particulièrement plu dans ce jeu ?

On peut CONQUERIR LE MONDE !

14) Pourquoi avez-vous souhaité y jouer jusqu'à la fin ?

Cela n’avait rien à voir avec un souhait. Mon peuple comptait sur moi, c’était mon destin.

15) Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Oui. Je remercie Civilization et son créateur, Sid Meier, qui m’ont donné le goût pour l’Histoire. J’ai lu chaque texte associé dans le jeu à la moindre découverte, construction ou unité formée. Adolescent, je connaissais énormément de choses en Histoire grâce à Civilization, à l’école je maîtrisais. Cette facilité m’a conduit à en apprendre encore plus jusqu’à faire de l’Histoire mon métier. Pourtant j’ai hésité, c’était soit l’enseignement de l’Histoire, soit la CONQUÊTE DU MONDE !



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