TEST - Mafia 2


J'ai toujours été attiré par les histoires de mafia. Tout d'abord les films, avec en première ligne, et avant même la série des Parrains, la trilogie de Martin Scorsese constituée de Mean Streets, Les Affranchis et Casino. Si les héros y étaient dépeints comme des connards de base, ils me fascinaient.

Puis vient un jour de novembre 2007. J'écoutais l'émission Histoire Vivante sur la première chaîne de la radio suisse. Ils consacraient une semaine au thème de la mafia. Les journalistes s'étaient rendus à Rome dans un lieu secret afin d'interviewer un homme : Roberto Saviano, auteur du livre Gomorra. J'ai été totalement absorbé par l'histoire de cet écrivain originaire du village le plus mafieux de toute la Campanie, qui a décidé de crier tout haut ce que personne n'avaient osez dire avant lui.

Après avoir dévoré le livre de l'auteur napolitain, j'ai aisément pu me détacher de la fascination aveugle et sans fondement que j'avais pour ce type d'organisation criminelle. Car si les personnages de Scorsese étaient cons mais marrants et attachants, ceux de Saviano - qui sont des personnages réels - ne devenaient que profondément stupides et égoïstes. J'ai donc mis de côté les histoires de mafia pour un temps. Jusqu'en 2013 où j'ai découvert la série Les Sopranos, à laquelle j'ai totalement accroché.

La série de David Chase nous présente Tony Soprano, un mafieux vivant à New Jersey. L'intérêt réside dans le fait que le héros nous est présenté tant dans sa vie professionnelle que privée. Nous sommes donc face à plusieurs facettes du personnage qui ayant vécu lui-même avec un père travaillant dans le milieu, peine à ne pas reproduire le même schéma avec ses enfants. Le tout est accentué par les séances de psy du héros auxquelles nous avons le privilège d'assister.

C'est pas un peu long comme introduction ?

Le spectateur se retrouve donc rapidement tiraillé entre la sensation de dégout face à un Tony se comportant de manière exécrable, tout en gardant malgré tout un certain attachement pour le héros. Et c'est là toute la magie de David Chase qui joue avec nous en alternant des phases où Tony démonte la gueule d'un de ses employés, ou alors trompe sa femme sans vergogne avec une pute quelconque, avec par exemple, une scène où Tony chantonne la chanson Oh Girl des Chi-lite. Et pourquoi aime-t-on Tony malgré tout ? Personnellement je pense que d'un certain point de vue, Tony est un super-héros. Un super-héros de l'hypocrisie, de la mauvaise-foi et un champion pour se mentir à lui-même. Bref, il incarne à merveille les principaux maux de notre monde moderne.

A cela, le réalisateur a ajouté une profondeur supplémentaire à la série en abordant d'autres thèmes vu du point de vue de la mafia : le 11 septembre et le terrorisme, l'homosexualité, la fierté des origines avec lesquelles le lien direct est fragilisé par la distance... Une scène illustre bien la volonté d'aborder de grands thèmes, c'est celle où Patsi Parisi va récolter le pizzo dans un nouveau café de son quartier. Un établissement genre Starbucks... Le jeune manager black, après avoir compris les sous-entendus des deux mafieux, leur explique que tout est compté au centime près dans ce café, et que s'il manque la moindre pièce, il se fera virer sans état d'âme et ils auront face à eux un nouveau manager. Une fois dehors, Patsi dit à son collègue : « C'en est fini des gens comme nous. » Une scène qui critique la politique des grosses chaînes de restauration tout en la confrontant à une vieille tradition mafieuse. Génial. Mais le plus classe dans Les Sopranos, c'est les vannes de Tony.

- Salut Tony.
- Salut. Il est pas là le mec ?
- Quel mec ?
- Ben celui qui t'encule.

Si je m'attarde sur la série produite par HBO, c'est parce qu'en commençant le jeu Mafia 2, j'espérais ne pas tomber dans les clichés typiques des films de mafia. J'espérais justement que le jeu aborde le sujet d'un autre point de vue qu'il me pousse à la réflexion, voir qu'il m'apprenne des choses. Et cela a très bien commencé avec la scène en Sicile. Surpris que le jeu nous emmène dès le début en Europe, je n'avais effectivement jamais envisagé qu'en temps de guerre les américains favorisaient les italo-américains lors du recrutement pour le vieux continent. J'ai également pu découvrir un personnage historique du nom de Don Calò...

N'étant pas historien de la mafia, je ne m'attarderai pas trop longtemps sur le sujet, mais penchons-nous un instant sur Calogero Vizzini. Pour une fois que le jeu-vidéo me pousse à me cultiver... Bref, Don Calò est le mafieux classique du type « bienfaiteur généreux ». Une image qu'il s'est construite à coup d'opportunisme, de meurtres, de vols et de condamnations en tout genre. La situation va changer avec l'arrivée au pouvoir de Mussolini qui va tenter de briser le règne illégitime de Vizzini sur la province sicilienne de Caltanissetta. C'est ce qui l'aurait poussé à collaborer avec les forces alliées lors de l'invasion de la Sicile. L'image de Don Calò dans un tank, telle qu'elle est présentée dans le jeu Mafia 2 relève de la légende. Certains historiens réfutent même l'idée d'une collaboration entre les forces alliées et la mafia. Difficile donc à distinguer le vrai du faux, il n'empêche qu'après la guerre, Vizzini est nommé maire de Villalba, son village natal. Les américains privilégiant les idées antifascistes et anticommunistes, auraient participé, ou du moins ne se seraient pas opposés à l’ascension politique du Don.


Un mec arrive avec la joue boursoufflée :

- Salut Tony !
- Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
- C'est le canal dentaire. Ils m'ont bourré d’anti-inflammatoire et j'ai la tête dans le cul.
- Ouais, ben il te reste un peu de merde sur la gueule.

C'est donc ravi par cette première scène de guerre éducative que j'aborde la suite du jeu. Et là, c'est une seconde bonne surprise. Une fois de retour de Sicile, c'est Joey qui vient vous chercher. S'ensuit un genre original de cinématique : Joey a pris le volant, vous êtes donc passager et votre seul rôle, alors qu'il vous raconte ce qui s'est passé durant votre absence, est d'observer la ville. Vous n'êtes donc pas totalement passif comme dans une cinématique classique, mais presque. Vous pourrez ainsi contempler le joli travail de modélisation de la ville d'Empire Bay, tout en écoutant votre ami. Je pointe cette originalité narrative, car je déplore que trop souvent le jeu-vidéo se plie aux codes cinématographiques en matière de narration. Or la scène en question est clairement irréalisable au cinéma. On commence donc par deux très bons points et je commence à envisager ce jeu comme un chef-d'oeuvre.


Malheureusement, même si la narration est vraiment bien travaillée tout au long du jeu, mes attentes n'ont finalement pas été comblées. Et bien que le scénario soit de qualité et bien ficelé, j'en attendais plus. Pour ce qui est des expériences narratives, il n'y en aura plus et on se rapprochera comme habituellement des codes visuels du cinéma. Pour exemple la scène de la prison, qui s'éternise avec des combats n'ayant pas énormément d'intérêt et se terminant religieusement par un cadrage propre aux films d'action. A partir de la sortie de prison, le jeu se contente de nous exposer la totalité des clichés des films de mafia ; chaque cliché étant prétexte à une nouvelle mission. Dommage c'était bien parti, j'y ai cru.


Chris découvre que Ralph avait une moumoute, surpris, il demande à Tony s'il le savait et ce dernier lui répond :

- Qu'est-ce que tu crois, t'es tellement défoncé que même s'il avait eu la touffe de ta mère sur la tête tu ne l'aurais pas remarqué.

Mais bon j'arrête ici les chipotages, car j'ai passé un excellent moment sur ce soft. Dire le contraire serait trahir les heures que j'ai passé à rouler sans commettre le moindre forfait afin de pouvoir écouter tranquillement la musique sans être dérangé par les sirènes de la police. Car la bande-originale et tout le travail sur la restitution de l'époque rendent le jeu très immersif ce qui est à pointer d'un pouce levé. Vous pourrez ainsi conduire un Hot Rod en écoutant The Andrew Sisters, le tout en buvant un Rum and Coca Cola dans votre salon.


Mais le point le plus immersif du jeu est sans aucun doute la quête annexe vous proposant de retrouver cinquante journaux Playboy disséminés aux quatre coins du jeu. En partenariat officiel avec la fameuse firme de presse coquine, chacun des magazines vous donne accès à un cliché original de l'époque. Magnifique. Autant vous dire que si j'avais toujours la fougue vidéoludique de mes 20 ans je n'aurais pas hésité une minute à collecter la totalité des images.


Pour conclure, le deuxième opus de la saga Mafia est de bonne facture. Même si on frôle parfois la répétition, le soft s'en sort finalement en variant légèrement les missions. S'il avait été un peu plus ambitieux et pris un peu plus de risque, le soft aurait pu être top.


Note : Un B comme Spaghetti bolognaise.
Mention : J'ai particulièrement apprécié la Playmate n°21.

Dimitri




2 commentaires:

  1. T'aurais quand même pu nous la montrer cette playmate n°21 !

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    1. On trouve toutes les playmates de mafia 2 sur le net.
      Allez-y ça vaut le coup d'oeil.
      Tu me diras laquelle est ta préférée.
      A+

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