C'est une
réalité, les japonnais délaissent de plus en plus leurs consoles
de salon pour se consacrer aux jeux mobiles dans le métro. Preuve en
est le Tokyo Game Show ayant eu lieu en septembre 2015, qui
présentait pour 80% des stands dédiés aux jeux mobiles. Nintendo a
signé un partenariat avec DeNA, un géant des applications pour téléphone mobile au Japon
et a sorti son premier jeux sur smartphone à la fin du mois
d'octobre 2015. La firme de Kyoto en annonce cinq autres pour 2016. Les temps
changent...
Nokia grand
manitou finlandais du téléphone portable à la fin des années 90 - maintenant racheté puis englobé par Microsoft - avait pressenti
l'avénement des jeux mobiles et l'avait concrétisé en une
console : la N-Gage.
La
N-Gage ! Trop pourrie !!!
Sortie en
2003, la N-Gage a la curiosité, pour l'époque en tout cas, d'être à la fois un
téléphone portable et une console de jeu. La première version de
la console est également équipée d'un lecteur MP3 et d'un
récepteur radio. Elle dispose d'un accès internet permettant de
jouer en ligne, les concepteurs de la console ayant fortement misé
sur l'aspect multi-joueur. Il est également possible de jouer à
plusieurs via la connexion Bluetooth. La première version de la
console sera rapidement remplacée par la N-Gage QD, à peine plus
puissante mais délestée de son lecteur MP3. La console présente un
nouveau design et permet d'insérer les jeux sans enlever la
batterie, ce qui est plus que pratique. La batterie parlons-en,
l'autonomie est améliorée pour passer de trois à cinq heures.
La première version de la console. |
La version modifiée: la N-Gage QD. |
Mais la
véritable raison de cette refonte est économique. En effet, dès le
départ les ventes sont mauvaises et Nokia a voulu rediriger le tir
avec la QD en créant une console moins cher à la production. C'est
cette version que j'ai réussi à me procurer et que je vais tester
pour vous par l'intermédiaire de quatre jeux:
Fifa 2005,
Rayman 3,
Moto GP
et Sonic N.
Un Sonic
sur N-Gage ?!
En 2006 déjà
Nokia stoppe la production pour transformer le projet en plateforme
de téléchargement compatible avec les téléphones de la série N.
A l'époque, c'est mon collègue d'école d'art et néanmoins ami
Eligio, qui m'a fait découvrir cette curiosité. Comme à notre
habitude, nous buvions notre chocolat chaud quotidien près du
distributeur à boisson. Il devait être 16h30 précise quand il
sortit de sa poche une N-Gage première génération. Surpris, je lui
demandais de quoi il s'agissait et où il avait pu se procurer un
engin pareil. Il m'a très vite rassuré en m'avouant qu'il ne
l'avait pas payé, mais gagné à un concours. Un concours auquel il
avait triché avec l'accord du surveillant qui devait être un de ses
amis. Je ne sais pas à quel point il a joué avec sa console, mais
dans mon souvenir nous prenions l'objet plus pour un gag qu'autre
chose. C'est d'ailleurs généralement l'image qui en est restée,
induite notamment par la manière de tenir la console pour téléphoner qui
vous donnait un air ridicule.
Mais essayons
de passer outre l'image d'une console pourrie. La ludothèque tout
d'abord qui dispose d'une soixantaine de jeux. Et là surprise... un
épisode inédit de la série de The Elder Scrolls !
Comme je vous l'ai dit, je n'ai trouvé que quatre jeux. Je
commencerai donc le dossier en résumant quelques tests d'autres jeux
que j'ai lus.
The Elder Scrolls : the shadow key, bien
qu'étant forcément bien plus limité en territoire visitable et en
nombre d'armes, est toutefois de bonne facture. Vous pourrez tenter
l'aventure à deux via bluetooth, si tant est que vous
trouviez des camarades possédant la console et le jeux. On est
pourtant bluffé par la qualité graphique proche d'une Playstation,
même si dans ce cas, la profondeur de champ limitée pose
problème...
Ha ouais
elle avait des bons graphismes ?
Entendons
nous bien, rien de bien transcendant, mais il y avait de quoi faire.
Et c'est là le problème. Car en parcourant différents tests j'ai
pu constater un souci récurrent : la volonté d'adapter des
jeux de console de salon sans modifications sur la portable. Rayman
3 ou Sonic N qui seront testés plus loin dans le dossier,
de par leurs graphismes assez simple, pourraient s'en sortir sans trop
de modifications. Mais qu'en est-il de jeux plus exigeants comme Tomb
Raider ou Splinter Cell ? Sachant que l'écran est à
peine plus grand qu'un timbre poste... Et bien curieusement les
verdicts sont très positifs. Splinter Cell semble même avoir
subi une refonte totale pour l'occasion. Par contre, Virtua Tennis
paraît avoir moins bien supporté la transition...
Suite
à quelques lectures de tests mon sentiment est le suivant : la
N-Gage porte un statut d'ovni pour l'époque. Face à ce nouveau
concept les éditeurs ont eu deux réactions. Les plus consciencieux
ont trouvé l'idée géniale et avant-gardiste et se sont donné les
moyens d'adapter leurs jeux. D'ailleurs, aux vues des bonnes
critiques, ceux d'entre eux ayant adapté des jeux multi-joueurs
simples - type Bomberman – verront leurs efforts récompensés.
D'autres éditeurs aux attentions plus mercantiles, ne croyant guère
au projet, se sont contenté d'une bête adaptation... Là, les
résultats sont moins bons... J'arrête ici de fabuler sur les
analyses d'autres joueurs et vous propose quatre tests originaux.
Fifa 2005
Bon,
premier test. J'allume la console et là surprise ! Code PIN
demandé. Et oui, la carte PIN est indispensable pour pouvoir jouer
à votre console. Heureusement, que je possède toujours un vieux
Nokia avec une grosse carte qui est compatible avec la N-Gage, sinon
c'était cuit...
-
EA sport it's in the game !
Les
voix digitales sont présentent, par contre la qualité n'est pas
top. Je choisis mon équipe: Neuchâtel Xamax. Beaucoup de
championnat sont disponibles et les noms semblent être les bons.
S'ensuit un écran présentant les touches et leur utilité. Un
avantage de la N-Gage est qu'elle ne manque pas de boutons. Naïvement,
j'avais pensé que la console allait se limiter à deux ou quatre
boutons, mais il semble que tous les boutons peuvent être utilisés.
A voir si la possibilité a été expérimentée dans d'autres jeux.
Je
vous parlerais bien des graphismes, mais les sprite mesurant moins de
cinq millimètres, difficile à dire si un joueur ressemble à son
modèle. J'ai fait un match que je l'ai gagné 2-1 contre une équipe
suédoise. La petite taille des joueurs limite grandement le
gameplay ; j'ai plutôt eu l'impression de jouer à un vieux jeu
Super Nintendo genre Fifa 95. Mais comme je l'ai dit plutôt, le concept majeur développé par Nokia était le multi, et sur ce
point Fifa 2005 doit "faire le taf". Je me serais bien vu partager
avec un pote une partie de Fifa dans le bus ou ailleurs. Ok,
suivant !
Rayman 3
Votre
pote Globox a avalé un lum noir. Si j'ai bien compris ce lum
noir est essentiel à votre pire ennemi pour qu'il puisse gouverner le monde. Vous vous proposez d'escorter Globox afin qu'il
puisse se soigner, mais c'est à ce moment qu'il disparaît
brusquement. A vous donc de le retrouver avant qu'il ne soit trop
tard !
Commençons tout de suite par aller dans le menu pour baisser le son. Parce que là le
grésillement pique carrément le creux du tympan. Un menu classique, un
mode multijoueur. Allons-y. Le jeu réagit assez bien, mais très
vite on se rend compte que le D-pad ( la croix directionnelle en
français ) n'est pas des plus précis. Mais on s'y habitue. Pour
remédier au curieux format de l'écran - plus haut que large - qui n'est pas du tout
adapté aux jeux en scrolling horizontale, les développeurs ont
trouvé une solutions sympa : si le personnage se tourne à
droite l'horizon se dégage vers la droite. Même chose pour la
direction opposée. Ce n'est pas hyper pratique, mais on s'y habitue.
Les graphismes sont beaux.
Au
fil de votre aventure vous devrez délivrer un certain nombre de lum,
vaincre des boss, et vous obtiendrez de nouveaux pouvoirs. Classique
me direz vous. Et bien oui. Mais au final Rayman 3 est un bon petit
jeu. J'avoue que je l'aurais bien fini si l'écran avait été plus
grand... Je n'ai plus les yeux de mes vingt ans et au bout d'une
heure de jeu mes yeux brûlants m'ont poussé à mettre ce projet de côté. C'est d'ailleurs à ce moment que j'ai constaté la
possibilité de switcher à tout moment et très facilement en mode
téléphone.
Moto GP
J'ai
trouvé les deux premiers jeux "en loose", c'est-à-dire sans boîte.
Je possède donc les deux autres, Moto GP et de Sonic N "en
boîte". Et autant dire que les box ont plutôt la
classe. Contrairement à l'écran de la console elles sont en 16/9 -
j'y reviendrai - et à l'intérieur, il y a un emplacement pour
chaque catalogue et plusieurs pour les jeux.
Moto
Gp maintenant. Je vous avoue d'entrée que je n'ai jamais joué à
un jeux de moto. Sauf peut-être une fois au Moto GP de je ne
sais plus quelle année sur PS2, mais c'était juste pour tester un
jeu que j'avais trouvé en brocante. Choix du pilote: je vais prendre
Valentino Rossi... Ha non, il est bloqué. Bon ben pas le choix, je serai japonais. La
course est lancée, et indéniablement je ne retrouve pas les
sensations que j'avais sur PS2 avec le stick analogique. Hein !
Mais c'est quoi cette sonnerie ! Ha oui, j'ai un téléphone
dans la main... et c'est ma mère qui m'appelle. Désolé je dois
répondre :
-
Salut Maman. Oui ça va et toi ? Hum... Ok... Mais ouais.. Je
t'entends pas bien là, je suis sur la N-Gage. Quoi ? La N-Gage.
c'est une console que Nokia avait sortie en 2003... Bref, je te
laisse j'ai presque plus de batterie. A bientôt, bisous.
Reprenons
notre course. Difficile d'anticiper les virages, car l'horizon
n'apparaît que tardivement, signe que les développeurs avaient
tendance à surestimer les capacités de la console. Les pneus de ma
moto sont triangles, mais sinon les graphismes sont... passables.
Ouais... si jusqu'à présent la N-Gage m'avait plutôt surpris en
bien, Moto GP met fin à la série. Visiblement la console
finlandaise était capable du meilleur comme du pire. Alors passons au jeu
suivant pour lequel j'ai beaucoup d'espoir :
Sonic N
Pour
commencer une très belle animation du Dr. Robtnik ! Ca
commence bien ! Bon le son est exécrable, mais le problème est récurent sur la console. Ok.. mais là c'est inaudible. Ensuite le jeu
nous propose de choisir entre Sonic, Tails, Knuckles et Amy... Je
choisis Sonic bien entendu. Bon allons-y, ça fait longtemps que je
ne me suis pas fait un petit Sonic !!!
...
Veuillez excuser ce temps de suspension, mais là c'est trop. Pour
cette adaptation, qui pour l'occasion se nomme Sonic N (N comme
N-Gage), j'avais pensé que tout avait été mis en oeuvre pour créer
une version propre à la console. Nous sommes d'accord: une console
étrange, mais une console tout de même, qui mérite le respect...
c'est quand même Nokia... ils ont fait des choses bien Nokia, comme
le 32 10 par exemple.
Et
bien non, c'était sans compter sur ma naïveté légendaire. Sachez
tout d'abord qu'un écran de N-Gage mesure 35 x 41,5 mm. C'est petit.
Et bien figurez-vous que le célèbre Sonic Team n'a rien trouvé de
mieux que de rogner les bords en haut et en bas afin que le jeu soit
en 16/9... L'écran de jeu mesure donc 24 x 35 mm. Pour un Sonic qui
lui mesure approximativement 4 mm. Car oui, sous une dénomination
mensongère, ce jeu n'est rien d'autre que Sonic Advance (sur
Game Boy Advance) déguisé en version spécialement conçue
pour la N-Gage. Sonic N est donc le premier jeu de l'histoire
vous proposant de jouer sur un écran autant grand que la cartouche.
Ha non, il me semble que l'écran Game Boy était plus petit que les
cartouches... mais les cartouches étaient grandes... Bref à
moins d'être un sado-masochiste des yeux, personne ne jouera à ce
jeu.
Bon alors
tu regrettes d'avoir acheté une N-Gage ?
Au
final, j'ai plutôt été surpris en bien par la console. J'ai
tellement cru à une blague au départ, que je n'avais finalement
jamais envisagé la N-Gage avec un réel potentiel. Selon moi, la
principale erreur de Nokia a été de conserver le format d'écran de
leurs téléphones portables. En effet les éditeurs, plus ou moins
perplexes face à la console hybride, ont le plus souvent été
découragés par un format d'écran nécessitant une refonte complète
des soft. J'aurais bien essayé de finir Rayman 3 qui est très
fun malgré les quelques défauts cités plus haut, mais je m'y
serais usé les yeux plus que de raison. Notez que l'écran est très
bien éclairé, bien mieux qu'une Game Boy Advance SP.
Vous
l'aurez compris, le concept des constructeurs finlandais misait avant
tout sur le multi-joueur. Nokia avait eu une bonne intuition, mais
les grands écarts qualitatifs de la ludothèque leur aura finalement
fait défaut. C'est surtout des jeux comme Sonic N, digne
représentant des adaptations faites à la va-vite, qui ont donné
l'impression aux clients d'une console aux rabais. Sensation qui
change dès que les développeurs se donnent les moyens, comme Shadow
key qui serait, je pense, le seul jeu que je finirais sur N-Gage.
Encore faut-il le trouver car les jeux N-Gage d'occasion ne courent
pas les rues...
Dimitri
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