TEST - Walking dead (saison 1 et 2)

Autant le dire tout de suite, ces deux jeux sont des chefs d'œuvre et si vous n'y avez pas encore touché, il faut foncer le faire. Les jeux d’aventure de Telltale sont allés beaucoup plus loin que tous les autres en matière d'émotion, d'immersion et de tension. L’expérience qu’ils proposent est sans égal. Il faut y jouer pour le croire.
Walking Dead, c'est au départ un excellent comics. Profond et subtile dans son traitement, alors qu'il dresse un portrait très cru d'un groupe d'humains confrontés aux morts-vivants, il a reçu un énorme succès. Ensuite, Walking Dead a été adapté en une excellente série, qui a su s'éloigner petit-à-petit de son inspiration pour devenir une œuvre à part entière, qui raconte sa propre histoire. Walking Dead, enfin, a été adapté en deux excellents jeux vidéo, par Telltale. J'évoque pour la forme le médiocre Walking Dead : Survival Instinct, qui est un sorte de shooter mal fichu dans lequel on joue le bad boy au cœur de la série tv (il n'existe pas dans le comics) Daryl Dixon. Sans âme et surfant seulement sur la côte de popularité de Dixon, ce jeu ne vaut vraiment pas la peine d'en parler.
Daryl Dixon, inventé pour la série et immourable car devenu trop populaire (c.f. syndrome Tyrion Lannister)

Il existe également un spin-off de la série tv, appelé Fear the walkers, qui présente l'émergence de l'épidémie, dans laquelle on suit une famille recomposée confrontée au réveil des morts. Sans grand intérêt. Si on veut voir des individus lambdas incrédules devant des zombies, autant regarder encore une fois Shaun of the Dead.



Je compte bien parler des jeux vidéo de Telltale (même si tout a été dit à la première ligne de ce test), mais je tiens à souligner ici la grande valeur narrative et réfléxive du comics. En mettant en scène ces personnages au destin fragile, plus confrontés aux monstres qu'ils cachent en eux-mêmes et à ceux qui se cachent dans les autres survivants qui les entourent, les auteurs ont su créer des personnages aux dimensions rares dans des récits graphiques. Ils ont également réussi l'exploit d'étirer une saga qui partait d'un pitch de base très ténu sur une trentaine de comics (pour l'instant) sans en perdre la vigueur. Tout comme dans le jeu, qui est une adaptation fidèle dans son propos, le comics (et la série, dans ses premières saisons du moins) pousse le spectateur dans des retranchements et provoque des émotions rares à la lecture d'une bande dessinée. Sans être particulièrement impressionnable dans mes lectures, la seule fois de ma vie où j'ai dû refermer une bande dessinée en plein milieu et m'en éloigner, c'était un Walking Dead.

Les deux jeux Walking Dead ont la même vocation : placer le joueur au cœur des événements, mais surtout des dialogues et des choix qu'auront à faire les survivants pour s'en sortit.Tout comme dans les jeux d’aventure « point n’ click » traditionnels, la grande partie du jeu, ce sont des dialogues, des courtes énigmes en lien avec l’inventaire et des échanges. Mais le dynamisme inédit du jeu (à sa sortie) tient dans le fait que les questions, par exemple, ne laissent qu’un temps limité pour choisir ses réponses. Et que celles-ci, sont persistantes : vos compagnons s’en souviendront jusqu’à la fin du jeu… On doit gérer nos interactions avec les autres, prendre partie pour l'un ou pour l'autre, choisir entre deux solutions mauvaises laquelle est la moins pire, etc. La marge de manœuvre est plus grande qu'il n'y paraît et j'avoue que j'ai refait la première saison deux fois, afin de voir à quel point mes choix impactaient le cours de l'aventure. Et croyez-moi, si certains événements sont évidemment scriptés et obligatoires, les dialogues, les réactions et certains décès sont réellement tributaires de vos décisions.
Fais-ton choix et perd pas de temps, t'as cinq secondes…
Tristesse, colère, ces jeux réussissent à provoquer des émotions réelles : on s'attache, on se méfie, on est trahis. On est confrontés à des dilemmes, à nos propres choix et à leurs conséquences. C'est la vraie vie tracée dans ses plus vils travers via des graphismes un peu cartoon et un média qui a été sublimé par ces deux aventures. D'autant plus que les événements retracés ont pour fil conducteur notable l'évolution de Clémentine, une fillette que l'on recueille et qui évolue comme elle peut dans cet univers atroce.

Même s'il faut être honnête et avouer que certains passages sont moins trépidants que d'autres (la station-essence, le musée), la valeur narrative de ce jeu complexe est telle qu'il faut tenter l'expérience. C'est par des œuvres de ce genre que le jeu vidéo traverse la fine ligne qui sépare le divertissement de l'œuvre d'art. Ni le public ni la critique ne s'y sont d'ailleurs trompées, vu l'excellent accueil qui a été réservé à ces deux jeux (dommage au passage pour The Chains of Satinav qui sortait aussi des sentiers battus mais qui a été publié lui aussi en 2012).
Toi qui vas arpenter la Géorgie, prends donc garde à ce que tu dis, à qui tu le dis, et comment tu le dis.
Fais attention à qui tu as contrarié, qui tu as défendu.
Les compagnons te feront confiance, te trouveront crédible, en fonction de tes choix.
Et la confiance est fondamentale pour survivre dans le sud-est des USA ravagé par les zombies.
Enfin, les Walkers comme ils les appellent par chez eux. Même si, sans spoiler le comics, un des moments les plus lyriques du récit intervient lorsque le shériff manchot leader comprend qu'en réalité, les morts-vivants ce ne sont pas les zombies qui les entourent mais bien eux-mêmes, les survivants, qui ne sont finalement que des cadavres en devenir qui se débattent avant de rejoindre la horde. Des morts vivant encore pour quelques jours.

Note: excellente.
Mention: une expérience à tenter.

Lucien

4 commentaires:

  1. Merci pour l'article ! Du coup je m'y suis remis 1h30 hier soir, je m'étais arrêté en milieu de saison 1. C'est bien cool, mais après on rêve que de zombies...

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  2. Je l'ai dit à Lucien et il a été ému.

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  3. Oui je trouve ça très chouette d'avoir pu motiver quelqu'un a faire, continuer ou refaire ce jeu. Amuse-toi bien !

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  4. excellent ton article ca donne envie de jouer

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