TEST - Gravitiy Rush Remastered




J'ai le privilège d'exercer l'un des plus beaux métiers du monde: j'enseigne les arts visuels à des adolescents. Ils leur arrivent parfois de m'aborder sur la question des jeux vidéo. Ils me demandent si je joue. Je leur réponds que oui un peu, puis je leur demande à quoi ils jouent et leurs réponses ne me surprennent plus: Call of, Battlefield, GTA. Vous avez bien lu, il n'y a pas points de suspension ou d'etcaetera. La réponse se limite systématiquement à ces trois titres. Ha oui, j'ai oublié Fifa. Bon quatre titres. Je me suis focalisé sur les trois premiers pour la raison qu'ils sont tous interdits aux moins de 18 ans. L'âge de mes élèves variant entre 12 et 15... Il est bien entendu très dommageable pour le développement d'un enfant qu'il joue à des jeux qui lui sont interdits. Des études ont été faites à ce sujet et je suis témoin au quotidien de l'effet néfaste d'un surplus de violence sur nos jeunes.

Maman j'veux ça à noël!

La faute à qui? Aux développeurs? Bien sûr que non. Pour un jeune adulte, GTA est un très bon jeu, qui a révolutionné pas mal de chose dans le monde vidéoludique et qui contient un message ironique sur la société. Le studio de développement précise que le jeu est interdit au moins de 18 ans, ils ont fait leur boulot. Le problème vient des vendeurs qui ferment souvent les yeux, mais surtout des parents qui achètent le jeu à leurs chères têtes blondes. A partir de là, on ne peut plus rien pour eux. Mais peut-on vraiment en vouloir à des parents qui travaillent trop et sont obligés de laisser leur enfant seul à la maison? Pour qu'ils s'occupent et par culpabilité, ils lui achètent ce qu'il demande, sans se renseigner plus que ça:

- T'es sûr que c'est pas trop violent?
- Oui Billy a le même jeu, sa maman lui a acheté.

Bien que n'ayant jamais eu le privilège de connaître un élève se prénommant Billy, j'imagine tout de même que cette situation a dû se passer bon nombre de fois. Un cercle vicieux qui disons-le met en cause les parents. C'est le rôle des parents d'accompagner leur enfants dans une passion. Car c'est bien de cela que l'on parle. Un enfant est attiré par un média fascinant qui est le jeu vidéo. A eux de lui donner les outils pour le découvrir de manière optimale. Il existent bon nombre de jeux fun et intelligents qui n'utilisent pas la violence. Un abonnement à un magazine spécialisé, une ou deux partie avec lui pour comprendre quel jeu on vient de lui mettre entre les mains. Aux parents de trouver des solutions, mais utiliser un jeu interdit aux moins de dix-huit ans comme baby-siter, c'est comme engager un psychopathe lubrique pour surveiller son enfant.

Une introduction abordant la thématique du choix des enfants quant à leurs jeux, non pas pour crier au scandale, mais pour dire merci. Merci aux parents qui font ce boulot, qui acceptent de suivre leurs enfants dans une passion qui les dépasse. Grâce à cette minorité de parents il m'arrive très occasionnellement d'avoir une discussion intéressante sur les jeux vidéo en classe. Ainsi Joao, m'a appris l'existence de Ni no Kuni, que j'ai par la suite fini à 100% et dont voici une critique. Le sujet du présent teste m'a été amené par Benjamin, un passioné de japanime. Sa passion pour l'animation japonaise se ressent également dans le choix de ses jeux tous très japonisants. Il m'a ainsi parlé inlassablement de Gravity Rush qu'il avait terminé sur PS Vita.

Parlons du jeu voulez-vous.

Pour ma part j'ai dû attendre la sortie de Gravity Rush Remastered sur PS4. C'est ainsi au début de l'année 2016 que j'ai pu me frotter à ce jeu dont Benjamin m'avait dit tant de bien. Parlons-en donc... Mais par où commencer? C'est que le jeu développé la Team Siren a tout d'un ovni. Bien, commençons tout d'abord par essayer de le définir. Le jeu a quelque chose de l'action-plateforme 3D dans un monde ouvert, teinté d'un aspect beat them up avec l'axe Z en plus; Gravity Rush est à God of War ce que Descent était à Doom. Je ne m'engagerai cependant pas plus loin dans cette comparaison scabreuse. Ajouter à cela quelques aspects de crafting et vous obtenez un jeu tout à fait original. Passons maintenant au scénario. Vous incarnez Kat une jeune fille qui a tout oublié de son passé et que les gens appellent une Gravitéenne. Elle se réveille dans une cité flottante sur le déclin et est accompagnée d'un chat qui lui confère le pouvoir de défier les lois de la gravité, d'où l'appellation Gravitéenne. Très rapidement vous devrez combattre les Névis, sorte de robots, qui nuisent à la population. Si dans les grandes lignes le scénario est très bon, je le trouve très haché. Cela est peut-être dû au découpage en chapitre, mais d'une partie à l'autre on ressent parfois un contraste scénaristique qui détonne énormément. En bref, le jeu lance des pistes scénaristiques intéressantes, mais passe à la suivante sans les avoir abouties. 




Peut-être ai-je cette sensation car je n'ai pas terminé le jeu à 100%... En effet, il existe plusieurs quêtes annexes. Restons dans la narration. A la fin de mes études de bande-dessinée, c'est-à-dire en 2009, un nouveau phénomène est apparu: la BD numérique. Tous les éditeurs ne misaient que sur ça. J'étais cependant resté perplexe face à leur démarche: ils se contentaient de transposer les classiques de leur catalogue afin qu'ils puissent se lire sur I-Phone. Les strips étaient ainsi les plus adaptés. D'autres éditeurs ont transcrit des planches entières en y ajoutant quelques effets "gadgets"... C'est que si une planche a été construite de cette manière par son auteur, c'est parce qu'elle doit rentrer sur un format DIN (A4, A3, ...), d'où le manque de pertinence de vouloir l'adapter sur un format différent. Mon imagination c'était emballée face à l'idée d'un support numérique ne proposant pas de limite. Une page sans bord... Le rêve! De nouvelles questions m'apparurent alors: le sens de lecture doit-il rester le même? Peut-on modifier l'histoire au fur et à mesure? Est-il pertinent d'introduire des séquences animées? Plusieurs questions auxquels je n'ai jamais pu répondre, me frottant très rapidement à mon incapacité dans le domaine de la programmation. Pour en revenir à Gravity Rush Remastered, le jeu présente une narration tout à fait originale, en plusieurs points très proche de la projection que je m'étais faite d'une bande-dessinée numérique. Les développeurs ont dû faire ce choix pour des raisons financière et ainsi économiser sur les cinématiques, mais le résultats est très sympathique. Dialogue et Bd s'alternent en laissant, quand cela est de rigueur, la place à une petite cinématique.




Pour ce qui est du gameplay nous sommes là aussi face à quelques chose d'original, mais qui d'après moi fonctionne moins bien. En effet, si le principe d'anti-gravité fonctionne assez bien pour les phases d'exploration, il devient un peu plus pénible en combat. Si la reconnaissance de mouvement du pad est disponible, elle ne vous aidera que très peu. Les combats seront ainsi souvent entrecoupés et perdront de leur mordant. Mais ce défaut est compensé par d'autres points, comme son originalité et des graphismes somptueux. Même si on sent que le soft vient d'une PS Vita et que la Playstation quatrième du nom aurait de quoi pousser un peu plus l'aspect visuel, le tout reste cohérent est agréable à l'oeil. En espérant que le deuxième épisode devant sortir prochainement corrigera les petits défaut de gameplay et de scénario, je vous encourage à vous risquer à l'originalité de ce Gravity Rush Remastered.

Note: B comme bas résille.
Mention: Merci Benjamin pour la découverte.

Dimitri





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à poster vos commentaires!