TEST - Les Chevaliers de Baphomet 5: La Malédiction du Serpent



J'en ai déjà parlé dans l'article sur Grim Fandango Remastered, mais mon frère et moi avions délaissé nos consoles le temps de quelques années pour nous faire absorber par le monde du "micro". C'est comme cela que l'on appelait l'univers des PC dans les années 90. Le CD-ROM se démocratisait et mon père avait eu la bonne idée d'acheter un 486-DX 2. Le système d'exploitation était Windows 3.1, mais nous naviguions la plupart du temps sur DOS, car les jeux y démarraient plus facilement. Et il y avait là une grosse différence avec les jeux consoles: quand tu achetais un jeu, bien qu'ayant consulté la configuration requise, tu n'étais jamais vraiment sûr si ton jeu allait démarrer ou pas. Quelle frustration. A 13 ans, nous créions donc des disquettes BOOT. Pour ceux qui ne le savent pas, une disquette BOOT est une disquette, à insérer avant le démarrage de l'ordinateur, permettant à l'ordinateur de se lancer de la manière la plus light possible. En gros nous indiquions à l'ordinateur les éléments qu'il devait lancer, afin d'économiser de la puissance pour faire tourner le jeu, sans en perdre avec des choses inutiles comme Windows. A cela s'ajoutait encore la capactité du disque dur limitée qui était alors de 256 Mo. Nous passions donc des heures à "faire de la place"; nous devions effacer les anciens jeux pour pouvoir installer les nouveaux. Malgré tout nous avons passé des heures incroyables sur ce genre, au départ propre aux micros, qu'est le jeu d'aventure ou le point 'n click. Lost in Time, Leisure Suit Larry, Maniac Mansion: Day of the Tentacle, Toonstruck, Legend of Kyrandia,... que de bons souvenirs.

Non mais il se répète après seulement une année de blog... c'est pathétique.

Je me suis récemment demandé pourquoi un tel acharnement et surtout qu'étaient devenues nos consoles pendant ce temps? Je me suis alors rappelé une règle imposée par ma mère. Nous n'avions pas le droit de jouer plus d'heure ou une heure et demi par jour. Cela m'est revenu en tête, car je m'impose également ce type de règle afin de ne pas sombrer dans l'addiction. C'était une très bonne initiative de sa part et je l'en remercie. Grâce à cela nous nous sommes intéressés à plein d'autres choses. Nous avons dessiné, lu, nous sommes allés jouer dehors, etc... Seulement cette contrainte n'était pas du tout adaptée au jeux NES et à certains jeux SNES qui n'offraient pas la possibilité de sauvegarder. Il nous était alors impossible de les terminer. Combien de fois avons nous vécu cette scène:

- "C'est prêt. Venez manger." On peut déceler dans le ton sec adopté par la maman que c'était la troisième fois qu'elle réitérait son appel.
- "Non, mais on a presque battu le boss... sinon on doit tout recommencer et Tom a passé le stage quatre qui est impossible normalement... steuplaît..."
- "Non. Vous-ve-nez-main-te-nant." Les parents, lorsqu'ils s'énervent, parlent parfois en saccades.

Ensuite, la scène tournait au drame. La mère éteignait la console alors qu'il ne restait que deux points de vie au boss, les enfants se mettent à pleurer en lui disant qu'elle est méchante et la tension restait palpable jusqu'à la fin du repas.

Et maintenant tu vas enfin nous parler du jeu ou tu vas nous parler des moonboots?

J'imagine donc que face aux point 'n click et la possibilité qu'ils proposaient de sauvegarder à tout moment, nous y avions vu comme une lumière, un moyen de stopper cette guerre intestine qui avait lieu avant chaque repas. Malgré cette introduction sur le monde des "micros" et son bienfait, nous avions découvert la série Les Chevaliers de Baphomet sur console. Il y a eu en effet, quelques point 'n click qui étaient sortis sur console. De mémoire je me souviens de: Les Chevaliers de Baphomet et de sa suite, Blazing Dragon et  Discworld 1 et 2. Bien entendu les puristes, que nous étions d'ailleurs, criaient au scandale à l'idée de devoir jouer à un point 'n click à la manette. J'avais fait l'acquisition de la souris Playstation, essentiellement pour jouer à Command and Conquer - un autre blasphème -, mais elle n'était curieusement pas compatible avec tous les jeux, et chose aberrante,   parfois même avec des point 'n click. Avec le recul je pense que si nous revenions aux consoles, c'est que nous sentions que notre père n'étais pas prêt à suivre l'évolution frénétiques dans laquelle les PC s'étaient emballées. C'est qu'à l'époque des pentium, si vous vouliez jouer aux derniers jeux, il fallait acheter un ordinateur à 3000 balles chaque année...

Parlons donc du sujet du jour qui est le cinquième épisode d'une série à succès Les Chevaliers de Baphomet 5 - La Malédiction du Serpent. Le jeu est tout d'abord sorti en deux épisodes. Le premier fin 2013 et le second en avril 2014. Une version complète et physique est cependant sortie sur Playstation 4 en septembre 2015. Pour développer leur jeu, Revolution Software ont fait appel à un financement participatif via Kickstarter, une campagne qui récolte plus 800 000 dollars en quelques jours. Pour ce nouvel opus, le choix a été de faire table rase du troisième et quatrième épisode, qui avaient opéré un passage à la 3D quelques peu scabreux. Pour l'épisode numéro cinq, retour à la 2D et à ainsi à une interface plus classique et plus proche des point 'n click des années nonante, ceux qu'on aime d'amour. Les décors 2D sont très beaux. Les animations des personnages sont par contre assez limitées. En effet, les personnages sont assez rigides, mais c'est un syndrôme qui touchait également le jeu d'aventure à l'époque. Pour ce qui est du gameplay, nous retrouvons avec plaisir les ingrédients qui constituaient le sel de la série.



En plus des habituels énigmes à résoudre, vous retrouverez donc les classiques références historiques à certains courants méconnus. Le tout est certes un tantinet romancé, mais le plaisir de découvrir la philosophie des Cathares ou des Gnostiques a été pour moi la vraie force du jeu. L'humour propre à la série - certains se souviendront des blagues sur les chèvres - s'est même un poil épicé, ceci étant peut-ête dû à la liberté de ton amenée par le kickstarter. Personnellement je n'ai pas trouvé toutes les blagues très drôles... mais c'est mon incorrigible côté rabat-joie qui a dû jouer un rôle. Les plus aficionados d'entre vous seront même touchés par la réapparition de certains personnages déjà présents dans les anciens épisodes. 
Nous nous étions retrouvé, mon frère et moi pour revivre la frénésie point 'n clickéenne de notre jeunesse. Nous avons passé un moment agréable et sur le long terme la magie a opéré. Je me vois contraint par contre de sanctionner sévèrement le jeu pour la scène de fin - sans spoil -, une conclusion humoristique un peu lourdingue (il ne manque que les claquements de batterie), la seule cinématique 3D du jeu et heureusement, car elle est très mal animée et surtout compressée avec les pieds. Mais le pire, et je ne spoilerai toujours pas, est la manière honteuse dont les développeurs ont saccagé le travail splendide des illustrateurs à l'origine des décors du jeu. En effet, cela ne peut être dû qu'à un problème de deadline, car je ne peux pas envisager que le directeur de production ait sérieusement dit:

- La scène de fin? Non non, pas besoin d'un beau décor, on mettra un dégradé Photoshop.

Note: C comme conclusion.
Mention: Au niveau de la musique on peut souligner sa capactité à s'effacer de part sa non originalité, mais rien de désagréable.

Dimitri


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