Overcooked, "trop cuit", est un excellent jeu multijoueur où l'on doit cuisiner les uns avec les autres. Si les recettes varient mais restent basiques (soupes, pizzas, fish n' chips, hamburger,...) c'est que le véritable enjeu du soft, c'est la collaboration, l'entente. Se lancer dans Overcooked avec un ami, c'est prendre encore plus de risques de le perdre qu'en le défiant à un vieux Risk. Pire, on peut jouer à Overcooked avec la femme qui partage notre vie. C'est une véritable épreuve, un test d'authencitié des liens qui nous unissent. Si vous souhaitez éprouver votre couple, tentez l'expérience et lancez-vous dans un niveau d'Overcooked: pour triompher de chaque niveau, il faudra obligatoirement communiquer, se mettre d'accord, faire des compromis, ravaler sa fierté et laver la vaisselle. Un peu comme dans la vraie vie. Mais avec une manette. Et des pingouins à qui il faut faire frire des poissons.
Afin
d'être apte à contenter un terrible monstre en spaghetti
outremangeur, un oignon couronné vous envoie dans le temps. Il vous
faudra, durant une petite cinquantaine de tableaux, apprendre à
cuisiner efficacement. Chaque level suit le même principe: récolter
les ingrédients, les préparer, les faire cuire et servir le plat.
Les commandes apparaissent en haut à gauche de l'écran, les points
et le timer en bas. Mais chaque niveau est différent et bouleverse
le joueur: les techniques utilisées pour préparer des soupes
pendant un tremblement de terre ne serviront à rien pour préparer
des hamburgers sur l'autoroute entre deux poids lourds. Aucun level
ne ressemble au précédent et c'est un vrai régal.
Le
jeu est jouable (et finissable) en solo, il faudra pour cela jongler
entre deux cuistots. C'est plus facile, c'est plus compliqué mais
c'est moins drôle et surtout, on passe à côté du sel du jeu: la
collaboration. Si vous avez lu attentivement la dernière phrase,
vous devez vous dire que c'est bien paradoxal de prétendre que le
jeu solo est à la fois facile et plus compliqué. Pourtant, c'est
exactement ça : seul, vous n'aurez pas à vous mettre d'accord avec
l'autre joueur sur ce qu'il y a à faire. Ce sera donc plus simple et
vous ne vous marcherez pas sur les pieds. Par contre il faut engager
une action à un des cuistots en anticipant l'action suivante tout en
dirigeant le second cuistot sur une autre tâche. Donc plus
compliqué. À deux, c'est moins précipité. Par contre, il faudra
très vite se décider : est-ce qu'il vaut mieux que l'acolyte fasse
la vaisselle ou assouplisse la viande pendant que vous coupez les
tomates? Dans un jeu où le moindre aller-retour inutile d'un bout à
l'autre de la cuisine peut être fatal à l'accomplissement du
niveau, comment gérerez-vous le fait que votre camarade perde du
temps? Arriverez-vous à rester calme dans la tourmente, à ne pas
fustiger celui qui partage votre écran quand il fera tomber la pizza
à la saucisse dans la lave?
Saurez-vous
passer l'extincteur pour sauver ce qui peut l'être? Et assumer vos
erreurs face aux autres joueurs? Ceux qui ont lu nos tests
précédents peuvent voir poindre derrière ces questions une
certaine réflexion existentialiste. Des personnages enfermés dans
un lieu défini, dont les actes les engagent tout entier et ne
peuvent plus être modifiés. Une fois la commande passée, chacun
est condamné à subir le poids de ses erreurs ainsi que celles des
autres. Il n'y a pas d'échappatoire: à chaque cuisine en suivra
une autre. Les cuistots ne peuvent sortir de la cuisine où ils sont
retenus. Les cuisiniers, et les joueurs, sont devenus inséparables
et dépendants. Vous avez compris à ce stade de la lecture notre
parallèle avec "Huis Clos" de Sartre et vous vous attendez
à ce qu'on conclue avec un vieux "L'Enfer c'est les autres" des
écoles. Mais bien sûr que non, cela voudrait dire que c'est gâcher
le jeu d'y jouer à plusieurs: si l'Enfer c'est de jouer ensemble,
il n'y a qu'à jouer seul. Expérimenter un jeu comme Overcooked en
collaboration avec d'autres, ce n'est pas se compliquer la vie, c'est
apprendre à se connaître soi-même. S'il y a un enseignement qui
peut être mis en exergue par ces expériences, c'est que nous nous
jugeons avec les moyens que les autres ont de nous jouer. Quoi que je
pense sur ma façon d'être, le jugement de l'autre entre
systématiquement dedans. Rien ne vaut les jeux et les joueurs qui
nous font prendre conscience de nous-même, nécessaires pour nous
réaliser. Comme Sartre le fait dire par Inès : "le bourreau,
c'est chacun de nous pour les autres".
Note: Huit (clos).
Mention: Goûtue.
Lucien
J’ai vu des vidéos sur la chaîne d’iHasCupquake, et ça m’a poussée à l’acheter, lol. D’ailleurs, je l’ai fini et je vais bientôt me prendre l’édition Gourmet. En attendant d’avoir assez d’argent, je m’amuse sur ce site de jeux flash http://www.prizee.com/ que je viens de découvrir. Je trouve ça plutôt sympa.
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